Le bois et ses particularités
On ne le répétera jamais assez : le bois est une matière naturelle avec laquelle on doit s’adapter, et pas l’inverse! Puisque chaque arbre est unique, chacune des planches qui en est extraite l’est également. Le grain du bois, la teinte et les marques de caractère varient d’une planche à l’autre et c’est cette diversité et cette singularité qui font la richesse de cette matière naturelle. Plusieurs produits tentent d’imiter cette matière unique mais aucun n’y parvient parfaitement, puisque chaque planche est une œuvre en soi.
Leçon d’anatomie!
Débutons par un petit cours d’anatomie... anatomie du bois, bien entendu! L’arbre est composé de bois de cœur (et oui, les arbres aussi ont un cœur!) que l’on désigne comme le duramen. Cette partie de l’arbre entoure la moelle qui est située au centre de l’arbre et qui fait à peine quelques millimètres de diamètre. Le bois de cœur est, dans certaines essences, reconnaissable à sa coloration plus foncée qui tranche souvent avec le bois d’aubier, parfois très pâle, se situant tout juste sous l’écorce. C’est d’ailleurs cette partie de l’arbre qui est vivante et toujours en croissance. Avec le temps, l’aubier se densifie pour se modifier en duramen. Les cellules meurent tranquillement et se transforment en quelque sorte en « squelette de l’arbre ». De nouvelles couches d’aubier feront alors leur apparition et poursuivront ainsi leur cycle pour devenir duramen. C’est ainsi que, d’année en année, l’arbre poursuivra sa croissance et conservera la trace de chacune des années qui le compose avec des blessures, des traces de minéraux, des nœuds qui sont les points d’attache d’une branche, ou les cicatrices laissées par une branche qui n’est plus.
Puisque toutes ces sections et les colorations qui s’y rattachent font partie intrinsèque de l’arbre, elles feront incontestablement partie de votre plancher!
Bille d'érable: On y voit le duramen ou bois de cœur, au centre. L’aubier est la partie composée de cernes et qui encercle le duramen et se situe sous l’écorce.
Dans le cas de l’érable par exemple, l’aubier sera très blanc et sélectionné pour son aspect homogène et pâle. À l’inverse, pour le noyer c’est le duramen, affichant une riche coloration de bruns chauds qui sera tant recherché.
Les grades de bois
Maintenant que l'on comprend les bases de l'anatomie du bois et la panoplie de richesses naturelles que renferme chaque arbre, on souhaite catégoriser et regrouper ces caractéristiques. Dans l'industrie du bois en général et dans celui du plancher, ces regroupements donnent naissance à des terminologies servant à décrire ou à classer les apparences visuelles découlant de l'anatomie du bois. Il ne s'agit donc pas d'un indice de qualité, mais plutôt d'une référence visuelle. Par exemple, dans un grade Sélect et Meilleur d'érable, seule la coloration de l'aubier sera retenue, car on recherche du bois blanc, sans cicatrices de branches, donc exempt de nœuds et sans accumulation de minéraux dans la fibre du bois. La rareté de cette sélection en dicte souvent le prix, puisque cette sélection est restrictive et exclut une grande portion de la matière issue de l'arbre.
Il n'existe pas dans l'industrie du plancher préverni de régulation définie au niveau de la terminologie des grades, ce qui rend difficile la comparaison entre les différents produits offerts sur le marché. Il est donc essentiel de bien se renseigner sur les marques de caractère et les colorations auxquelles s'attendre dans le grade choisi, afin de s'assurer que le produit corresponde bien aux attentes. Par exemple, si vous aimez la richesse des colorations, les nœuds qui ajoutent de l'authenticité et de la chaleur à votre demeure, vous serez probablement mal servi avec un grade Select et Meilleur. D'autant plus que le coût est supérieur, puisque ces lames sont choisies en fonction de critères visuels stricts. En contrepartie, un grade de catégorie plus « rustique » renfermera des variations de colorations plus importantes entre les planches, des nœuds parfois remplis avec de la pâte de bois et de petites fissures naturellement présentes dans la fibre du bois.
Pour plus d'information sur les grades Mercier, consultez la page Looks/Grades.
Et les échantillons de plancher?
Et qu’en est-il des échantillons de plancher? Par échantillon, on fait référence aux panneaux échantillons en salle de montre et aux planches échantillons mesurant environ 10 po de longueur. Comment ces outils peuvent-ils représenter l’ensemble de toutes les particularités visuelles et variances, en une si petite surface? Vous aurez vite compris qu’un échantillon ne peut en aucun cas représenter l’ensemble de toutes ces variables. Il faut sans cesse se rappeler que le bois est vivant, unique, et qu’il n’est pas conçu en usine. L’échantillon de plancher démontre la teinte du plancher et le grain du bois et est un « extrait » d’un plancher, et non pas sa représentation globale. Les probabilités font que vous retrouverez sans doute dans une grande surface de plancher, des lames quasi-jumelles à celles du panneau d’échantillon. Cependant, l’échantillon ne pourra indiquer ni les proportions des coloris, ni l’ensemble des teintes possibles, et ne peut représenter toutes les marques de caractère qui s’y retrouveront. Avant de faire un choix, renseignez-vous auprès du détaillant ou du manufacturier afin de savoir à quoi vous attendre. Et gardez à l’esprit que tout comme le marbre ou l’ardoise, il existe une multitude de variabilités dans la nature!
Image de gauche : planches d’érable naturel de grade qualifié de « rustique » qui représente un éventail varié des marques de caractère de l’essence.
Image de droite : planches d’érable teintes démontrant que le bois absorbe la teinture de façon différente, donnant par le fait même des planches de coloris différent.
De l’anatomie aux propriétés mécaniques!
Parce que le bois est une science à part entière, on peut discuter d’anatomie du bois, mais aussi de mécanique du bois! Chaque essence comporte des propriétés mécaniques distinctes selon la composition de sa fibre, la grosseur de ses pores, la vitesse à laquelle il a grandi et dans quel climat et région. Certaines des particularités sont intrinsèques à l’essence et afficheront des comportements prévisibles.
Le test de dureté Janka est, entre autres, un outil de comparaison permettant de qualifier la résistance aux indentations de différentes essences. Plus une essence est dense, plus son résultat aux essais Janka sera élevé. Pour les curieux de nature, le Janka mesure la force (mesurée en livre de force) nécessaire pour enfoncer dans le bois, jusqu’à la moitié de son diamètre, une bille d’acier de 11,284 mm (0,444 po).
Image : Le test de dureté Janka.
Source : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24700863
Prenons le noyer américain, cette superbe essence à la teinte naturellement chocolatée, parsemée de nuances de couleur crème. La dureté du noyer est moindre que celle de l’érable ou du chêne. Si on laisse tomber un objet à force égale sur un plancher de noyer versus un plancher d’érable, la marque laissée par cet incident sera plus profonde sur le plancher de noyer. Pour certaines personnes, de telles marques de vécu sur le plancher ne posent pas d’enjeux et contribuent même à son cachet. Pour d’autres, c’est inconcevable. L’important est de bien déterminer ses attentes et exigences avant de choisir.
Certaines essences comme le hickory comportent des marques de caractère soutenues, de très gros nœuds, des fissures et des colorations extrêmes allant de lames blanches à quasi-noires. Cette essence vivante et magnifique s’adresse donc évidemment à un public averti!
Maisonnée avec enfants et animaux de compagnie, ceci est pour vous : certaines essences de bois, de types de surface ou de lustres sont beaucoup plus permissifs face aux marques du temps et de l’apparence de la poussière et de saletés. Les essences à grain défini tel le chêne rouge, le chêne blanc ou le frêne blanc sont de véritables alliés dans le camouflage des marques et autres aléas du quotidien. De plus, le choix d’un grade de bois qu’on qualifie d’« authentique » ou « caractère » et qui présente des nœuds, des variations de couleurs prononcées entre les planches, des stries, des fentes et autres marques de caractère proéminentes dissimuleront mieux les résidus et égratignures qu’un plancher de grade très uniforme comme le grade « Sélect », par exemple. Enfin, un plancher de bois dont la surface est brossée ou qui affiche un lustre mat permettra aussi de mieux dissimuler l’usure normale et les effets du temps.
Il est primordial de choisir en fonction de son style de vie et de garder en tête qu’aucun plancher de bois n’est indestructible. Sa résistance ne se comparera jamais à un plancher de béton ou de céramique. La patine du temps fera, un jour ou l’autre, son œuvre. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme et l’authenticité de ces matières naturelles.