Trucs de pro pour une installation sans soucis
On pense souvent à tort que l'installation d'un plancher de bois franc est un jeu d'enfant. Après tout, il ne faut que des lames de bois et quelques clous ou de l'adhésif pour le fixer au sous-plancher… et le tour est joué, n'est-ce pas? Détrompez-vous. Bien que la technique requise paraisse rudimentaire à première vue, certains éléments peuvent compromettre le succès de l'opération ou être sources d'insatisfaction de la part des occupants.
Voici le palmarès des principaux problèmes causés par une installation déficiente et quoi faire pour les éviter :
Au premier rang: humidité et température ambiante inadéquates
On ne le répétera jamais assez, le bois est une matière vivante qui s'adapte à l'humidité et à la température environnante. Tout au long de sa durée de vie utile, le plancher de bois subira des cycles répétés d'absorption et de désorption d'humidité. Ces gains et pertes d'humidité entraînent respectivement un gonflement ou un rétrécissement de la fibre du bois. Lorsque ces pertes ou gains s'éloignent des conditions internes du produit au moment où il a été fabriqué, il en résulte des déformations, la plupart du temps réversibles, mais parfois permanentes, qui affecteront le produit.
C'est ce phénomène qui explique les espacements entre les lames durant notre hiver québécois et le retour en ordre à la fin du printemps. Détaillants, contracteurs et installateurs : vous pouvez rassurer vos clients à l'effet que leur plancher de bois est bien vivant! Les effets du gonflement et du retrait le prouvent, car la maison s'est asséchée en hiver durant la période de chauffage, pour se gorger d'humidité par la suite. Le bois est en constante synergie avec son environnement. Il agit en fait comme une éponge qui absorbe l'humidité de l'air ambiant lorsque cette dernière est trop élevée. À l'inverse, lorsque l'air est très sec, elle retirera l'humidité qui y est stockée. Le bois est donc en constante recherche d'équilibre avec son milieu.
Afin d'éviter les problématiques liées à l'humidité, il est recommandé de maintenir en tout temps une température d'environ 20 °C (68 °F) et une humidité ambiante d'environ 45 %, et ce, avant même de débuter la pose. L'achat d'un hygromètre vous permettra d'afficher l'humidité interne du site d'installation et de rectifier le tir, au besoin. Pourquoi ces valeurs sont-elles optimales? Les planchers de bois sont fabriqués à une teneur en humidité interne de 6 à 9 % afin d'être en équilibre avec un milieu de 20 °C (68 °F) et de 45 % d'humidité relative. Afin de conserver cette humidité interne et de ne pas changer de dimensions (gonflement ou retrait), la température et l'humidité ambiantes de la résidence doivent se maintenir autour de ces paramètres. La température et l'humidité relatives mentionnées ci-haut sont idéales pour les planchers de bois franc et les boiseries d'une résidence, et surtout pour la santé des voies respiratoires et de la peau des humains qui y vivent. Tout le monde y gagne!
Installation d'un plancher de bois Massif
(Crédit photo: Primatech et Construction VPR)
Un hygromètre mural permet de connaître la température et le taux d'humidité ambiants pour ainsi pouvoir apporter des ajustements tels que ventilation, chauffage, déshumidification.
Parmi les problématiques les plus fréquemment rencontrées liées à l'humidité, on observe le coffrage du bois. Le coffrage se définit par une déformation concave des lames de planchers où le bord des lames devient surélevé par rapport au centre de la lame. Le coffrage résulte d'une seule cause : la variation de l'humidité par rapport à l'état d'origine du produit. Dans le cas du plancher de bois massif, un gain d'humidité provenant de l'air ambiant ou du sous-plancher provoquera cette déformation des lames. Dans le cas d'un plancher engineered (contrecollé), on observe le coffrage lorsque les conditions sont plutôt sèches. Dans les deux cas, ces déformations peuvent créer un stress dans la fibre du bois et provoquer le fendillement des lames de planches, voir même de la délamination (décollement de la couche de surface) dans les cas des planchers engineered. Dans un cas de coffrage, et ce, autant pour les planchers massifs qu'engineered, il importe de rétablir les conditions optimales. Dans la majorité des cas, le bois reprendra sa forme initiale.
Le coffrage du plancher causé par un taux d'humidité inadéquat dans la maison
(Source : NWFA Problems, causes and cures.)
Comme le veut l'adage : mieux vaut prévenir que guérir. Assurez-vous de conserver un joint d'expansion entre le plancher de bois et les surfaces verticales telles que les murs ou meubles fixés au sol. Cet espace permettra au bois de se dilater et d'éviter des problématiques lors d'un gain d'humidité. Le joint d'expansion requis dans le sens de la largeur des lames équivaut à l'épaisseur de la lame. Le joint d'expansion (dans le sens de la longueur des lames, à l'extrémité des rangées) doit être d'environ 1/4”. Le bois prend généralement plus d'expansion dans le sens de la largeur que dans le sens longitudinal. Il est donc important de prévoir les transitions avec les autres recouvrements de sols et les obstacles verticaux. Si la moulure de bas de mur est trop mince pour accommoder le joint d'expansion requis, pensez à entailler le placoplâtre. Le bois pourra ainsi expanser de façon invisible sous la moulure de bas de mur.
Le joint d'expansion entre les obstacles verticaux et l'extrémité des rangées
(dans le sens de la longueur des lames) doit être d'environ 1/4”.
En deuxième position :
un sous-plancher qui ne rencontre pas les exigences requises pour l'installation d'un plancher de bois
Bien que ce dernier soit recouvert par le revêtement de sol, il peut être la source de bien des maux. En premier lieu, rétablissons les faits quant aux exigences du code de construction et les recommandations des manufacturiers de revêtements de sol. Le code de la construction assure que la structure du bâtiment résiste aux charges mécaniques auxquelles elle est soumise. En d'autres mots, il assure que le piano du rez-de-chaussée ne se retrouvera pas en chute libre vers l'étage inférieur…Ces exigences du code de construction ne considèrent pas les requis exigibles à la performance des revêtements de sol en service. Dans le cas de l'installation d'un plancher en bois franc massif ou engineered, des exigences de rectitudes, d'espacement des solives et de type et d'épaisseur du sous-plancher assurent que le produit ne sera pas soumis à des charges verticales et à des dénivellations trop importantes pouvant compromettre la performance du produit. La norme minimale pour un sous-plancher de contreplaqué ou de OSB (oriented strand board ou panneaux de copeaux orientés) est de 3/4'' d'épaisseur pour un espacement des solives de 19'' centre à centre. Si les solives sont espacées de 16'' centre à centre, le contreplaqué peut être de 5/8''. Un sous-plancher ne rencontrant pas les exigences prescrites peut engendrer des bruits de craquements ou de friction des lames de planchers lorsqu'on marche dessus. En d'autres termes, le fameux plancher « qui craque ». De là toute l'importance du sous-plancher.
Ce qui nous amène donc au troisième problème le plus fréquemment rencontré lors de l'installation : les bruits de craquements
Les bruits de grincements ou de craquements sont parmi les problèmes les plus fréquents suivant l'installation des revêtements de sol en bois et aussi celui dont les causes sont les plus difficiles à diagnostiquer et à corriger.
Plusieurs éléments de la structure et du sous-plancher peuvent en être la cause. Les bruits de craquements proviennent du mouvement du plancher soumis à une force verticale. Les lames de plancher sont maintenues au sol à l'aide de fixations mécaniques ou d'adhésif. Lorsque cette rétention au sol est déficiente et permet le mouvement des lames, un bruit de craquement en résulte. Un plancher qui ne peut bouger ne peut craquer. Il est donc primordial que le sous-plancher recommandé soit fermement fixé à la structure et qu'il ne permette pas les mouvements verticaux.
En second lieu, le revêtement de sol doit être fixé à l'aide des attaches mécaniques recommandées par le manufacturier. L'utilisation d'attaches de la longueur, de la grosseur et du bon type (clous ou agrafes) est essentielle à une installation réussie. L'espacement entre les attaches (la séquence de clouage) variera également selon l'épaisseur et la largeur des lames à installer. Une quantité insuffisante d'attaches ou des attaches trop éloignés des extrémités ne permettront pas une bonne rétention des lames au sol et peuvent causer des bruits de grincements. Dans le même ordre d'idées, une clé fracturée (tenon) ou une attache positionnée dans le mauvais angle ne pourra assurer une rétention adéquate. Certains planchers de plus de 5'' de largeur requerront l'utilisation d'attaches mécaniques assistées d'un adhésif. Assurez-vous d'obtenir ces informations de votre manufacturier de planchers de bois avant l'installation.
Lorsque le plancher est collé au sous-plancher, la rétention est assurée par la qualité de l'adhésif et de son application. Le succès réside dans le contact en tout point de la lame avec le sous-plancher. L'usage de la bonne truelle, la rectitude de la dalle de béton et l'application d'un rouleau assurant le bon contact de l'adhésif sont le secret du succès. Soyez vigilants face au temps d'ouverture de l'adhésif. Certains produits ou conditions environnantes laissent peu de temps pour coller les lames au sol. L'adhésif perd ainsi rapidement son efficacité et peut provoquer le relâchement des lames au sous-plancher.
Lorsqu'une membrane acoustique est utilisée, l'adhésion du sous-plancher à la membrane et de la membrane au revêtement de sol doivent être sans faille afin d'éviter les mouvements verticaux. Enfin, le choix de la membrane est crucial. Cette dernière ne doit pas être facilement compressible afin de ne pas permettre un écrasement occasionnant le grincement des lames lorsque soumises à une charge verticale.
Quant aux lames de plancher en soi, elles sont très rarement la cause de bruits de grincements. J'en profite pour démystifier la question sur l'incidence des clés aux extrémités des lames et les mouvements verticaux du plancher. Les clés (tenons et mortaises) situées aux bouts des lames ne jouent aucun rôle dans la rétention au sol. Il est normal que le tenon soit beaucoup plus petit que la mortaise, une fois assemblés. C'est la clé latérale jumelée à des attaches ou un adhésif adéquat qui permettent d'assurer la rétention des lames au sous plancher.
En quatrième position :
l'aspect visuel du plancher ne correspondant pas aux attentes initiales du client
Comme toute matière naturelle, chaque plancher de bois est unique, tout comme l'est chacune des lames qui le compose. Lors de l'installation, nous suggérons d'ouvrir plus d'une boîte à la fois afin de pouvoir sélectionner des lames qui s'harmonisent bien entre elles.
On estime les pertes liées aux coupes des lames lors de l'installation à environ 5 % de la surface à couvrir. Il est préférable de réserver les planches aux colorations plus marquées que les autres, ou aux marques de caractères plus prononcées, pour une installation dans des endroits moins visibles, tels que les murs périphériques, sous les meubles ou dans les garde-robes, ou encore de bien les disperser pour un résultat harmonieux. L'industrie du plancher de bois préverni prévoit une marge d'erreur de 5 % de la quantité achetée pour les imperfections naturelles du bois et les défauts de fabrication et de sélection du grade. Avant de commander la quantité de plancher requise, il est primordial de bien calculer la surface à couvrir et de prévoir une quantité supplémentaire pour pallier les pertes occasionnées par les coupes, les imperfections naturelles ou les défauts de fabrication et de sélection du grade.
Il en va de même pour les accessoires. Il est possible que le nez de palier ait été fabriqué à partir de bois plus clair ou plus foncé que les lames de plancher où il sera installé. Il est donc judicieux de choisir à l'avance les lames de plancher qui s'harmoniseront le mieux au nez de palier afin d'éviter une transition visuelle drastique avec le plancher. Ces petites attentions empêcheront bien des insatisfactions.
Le dernier problème mais non le moindre :
les fissures et fendillements de la lame de bois
Cette problématique comporte des causes multiples qui peuvent, pour la plupart, être facilement évitées. Soyons clairs : il est peu réaliste de s'attendre à ce qu'un plancher de bois ne présente aucune fissure, au fil du temps. Par fissures et fendillements, on fait référence aux petites gerces quasi-imperceptibles de la taille d'un cheveu, jusqu'aux fentes plus assumées, parfois même remplies avec de la pâte de bois. Les fendillements font partie de la nature du bois et certaines essences y sont plus propices que d'autres.
Fine fissure sur une lame du plancher.
Certaines catégories de plancher renferment plus de marques de caractères et comportent déjà des fentes et gerces au moment de l'installation. Plus le produit comporte des marques de caractère, plus il affichera des fissures lorsque soumis aux fluctuations d'humidité. Lorsqu'on aime le bois et son aspect naturel, on doit en accepter sa nature! Un contrôle adéquat de l'humidité ambiante et le respect des joints d'expansion lors de l'installation éviteront la progression des fendillements déjà présents.
L'installation proprement dite peut aussi être une source de création de fissures dans le bois. Le réglage de la cloueuse à plancher à une pression inadéquate, le mauvais positionnement des attaches mécaniques ou des impacts latéraux trop importants pour emboîter les lames peuvent les fracturer, aux extrémités et en bordure.